}

La Zenith S.58 est une énigme horlogère. Rarement évoquée dans les palmarès des montres de plongée mythiques, elle mérite pourtant qu’on s’y attarde.

Derrière son design sobre et ses évolutions discrètes se cache un garde-temps emblématique des années 1950, né à contre-courant des ambitions de Zenith, davantage associée aux aviateurs qu’aux plongeurs. 

Voici pourquoi la S.58 mérite une place de choix dans l’histoire de l’horlogerie de plongée.

Une montre de plongée signée Zenith ? Un pari audacieux

Zenith est avant tout reconnue pour son légendaire El Primero, l’un des premiers chronographes automatiques au monde, et pour sa forte association au monde de l’aviation.

Mais à la fin des années 1950, la marque décide de s’aventurer là où peu l’attendent : sous la mer.

Lancée en 1958, la Zenith S.58 s’inscrit dans un contexte concurrentiel très fort. Rolex a déjà frappé fort avec sa Submariner (1953), tout comme Blancpain avec sa Fifty Fathoms. Omega sort la Seamaster 300 en 1957.

Face à ces géants, Zenith mise sur la sobriété et la fonctionnalité plutôt que la surenchère technique.

L’origine du nom S.58 : une énigme résolue

Longtemps, les collectionneurs ont cru que le "S" faisait référence à l’hélicoptère Sikorsky S-58, utilisé dans la guerre anti-sous-marine. Il s’avère qu’il s’agit en réalité d’un clin d’œil au mot français "scaphandre", soulignant la vocation sous-marine du modèle. Une touche d’élégance à la française pour une montre suisse.

Une esthétique classique mais efficace, pensée pour les aventuriers

Les premières versions de la S.58 présentent un boîtier en acier de 36,5 mm, sans lunette tournante, avec de grands chiffres luminescents aux points cardinaux et des index bâtons. L’ensemble est lisible, fonctionnel, et parfaitement adapté à la plongée de loisir.

Au fil du temps, la montre évolue discrètement :

  • Une lunette tournante est ajoutée au début des années 1960.

  • Le diamètre passe à 38 mm, s’alignant sur les standards plus contemporains.

  • Un guichet date apparaît sur certaines versions.

Des mouvements successifs, reflet de l’innovation constante

Durant sa décennie d’existence, la S.58 connaîtra quatre mouvements différents : le calibre 120, le 133.8, le 71/120 et enfin le 2532/2542. Ces changements montrent la volonté de Zenith d’optimiser sa montre sans la trahir. L’objectif reste clair : créer une véritable tool watch fiable et durable.

🧠 À retenir - La S.58, loin d’être figée, a évolué discrètement sur 10 ans, avec des modifications ciblées qui en font aujourd’hui un terrain de jeu passionnant pour les collectionneurs.

Une disparition prématurée, éclipsée par la Defy A3648

En 1968, Zenith met fin à la production de la S.58 pour laisser place à un autre projet plus audacieux : la Defy A3648. Avec son boîtier anguleux et sa personnalité affirmée, elle entre de plain-pied dans les années 1970. La S.58, plus sage, tombe alors dans l’oubli.

Aujourd’hui, elle revient dans les conversations grâce au renouveau de l’intérêt pour les montres de plongée vintage. En 2024, Zenith a d’ailleurs relancé cette thématique avec la Defy Revival A3648 et la Extreme Diver, confirmant que l’ADN sous-marin de la maison ne date pas d’hier.

Un marché confidentiel mais dynamique

Les exemplaires bien conservés de S.58 sont rares. Comptez à partir de 5 000 € pour une pièce authentique, en bon état, avec lunette Bakélite d’origine. Un prix bien inférieur à celui d’une Submariner de la même époque.

🧠 À retenir - La S.58 reste une alternative plus abordable aux icônes des années 50, à condition d’être vigilant : état du cadran, relumage, corrosion ou remplacement de pièces sont à examiner de près.

Pourquoi la Zenith S.58 mérite une reconnaissance accrue

En horlogerie, certaines montres deviennent légendaires grâce à leur design, d’autres par leur histoire. La S.58 a les deux : un style utilitaire intemporel, et une histoire méconnue qui la rend d’autant plus intrigante.

Elle est aussi l’exemple parfait de ces "outsiders" que les amateurs éclairés aiment redécouvrir.

À l’heure où les grandes maisons revisitent leur patrimoine, peut-être est-il temps pour Zenith d’offrir une réédition fidèle de la S.58, comme hommage à cette époque où l’audace se nichait dans les détails.


En conclusion : une icône oubliée à redécouvrir

Discrète mais puissante, la Zenith S.58 est une montre-outil qui n’a rien à envier à ses contemporaines les plus célèbres. Pour les passionnés d’horlogerie vintage en quête de singularité, elle représente un choix éclairé.

À condition de bien s’entourer, notamment auprès de marchands spécialisés comme Tortoise Watches à Londres, référence pour les Zenith d’époque

 


MARC Tissier watches