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Image illustrant l'article : Voici pourquoi Richard Mille replonge dans les montres rondes (et ce que ça change vraiment)

En novembre 2024, on croyait Richard Mille définitivement tourné vers ses designs profilés quand il a cessé la production du modèle RM 032, dernier représentant de l’ère des montres circulaires chez la marque suisse de prestige. Pourtant, à contre-courant des attentes, la nouvelle RM 33-03 signe en 2025 un retour inattendu aux formes rondes, mais repensées avec une élégance technique et une nouvelle finesse visuelle.

Le luxe technique se fait plus discret, sans rien perdre de sa prouesse. Richard Mille opère ici un virage subtil mais stratégique, qui pourrait redéfinir la place de ses montres dans le quotidien de ses clients. Minimaliste, mais redoutablement complexe.

Une silhouette réinventée pour les amateurs de confort

La nouvelle Richard Mille RM 33-03 opère un changement de cap audacieux avec son boîtier désormais circulaire, abandonnant les silhouettes tonneaux emblématiques de la maison. Ce boîtier mesure 41,7 mm de diamètre pour une épaisseur maîtrisée de 9,7 mm. C’est plus fin, plus raffiné et surtout bien plus confortable pour un port quotidien, tout en conservant l’ADN mécanique et sportif propre à la marque. Deux versions sont proposées : l’une entièrement en titane grade 5, connue pour sa légèreté et sa résistance, et l’autre combinant or rose 5N et carbone TPT, un matériau composite à haute technologie que la marque affectionne particulièrement. Avec une étanchéité de seulement 30 m, elle n’est plus pensée pour la plongée comme la RM 032, mais se positionne comme une réelle montre de sport urbaine hautement technologique. Les vis apparentes, les découpes du cadran et la forme dynamique du bracelet caoutchouc rendent l’ensemble immédiatement reconnaissable. 🧠 À retenir : La RM 33-03 n’essaie pas d’imiter les montres rondes classiques — elle les redéfinit selon les codes de Richard Mille : technique, sculptée, et conçue pour une élégance active.

Un nouveau calibre miniature, mais ultra performant

Au cœur de cette nouvelle création bat le calibre automatique RMXP3, un mouvement squelette ultrafin (3,28 mm d’épaisseur) qui maintient une précision remarquable. Ce mouvement se distingue par l’usage d’un micro-rotor en platine. Cette solution permet de gagner en finesse sans sacrifier le remontage automatique, tout en assurant une réserve de marche de 42 heures. Il intègre plusieurs éléments techniques haut de gamme comme un balancier avec quatre masses réglables, pour ajuster la marche de la montre sans toucher au spiral. Une méthode qui favorise une plus grande précision et stabilité dans le temps. Le cadran partiellement ouvert offre une vue spectaculaire sur les intérieurs du mécanisme. Mention spéciale pour l’anneau visible derrière l’échelle horaire qui laisse entrevoir un disque de date à la structure complexe — une curiosité rarement vue sur des montres de luxe. Côté affichage, on retrouve les heures, minutes, petite seconde à 6h, et une date subtilement positionnée entre 4h et 5h. Le tout reste lisible malgré la densité mécanique mise en scène.

Design fonctionnel : entre esthétique industrielle et performance

L’ensemble du boîtier s’appuie sur une architecture tripartite : fond, carrure et lunette sont vissés ensemble, laissant apparaître six vis sur la lunette, inspirées des griffes de certaines montres de plongée ou des cornes de l’Aikon Skeleton de Maurice Lacroix. Le traitement visuel est volontairement « technique », à l’image de l’architecture moderne ou du design automobile — deux univers chers à la marque. Les cornes du boîtier viennent embrasser le bracelet en caoutchouc intégral, doté d’une ligne centrale en relief qui prolonge le dynamisme du boîtier. Ce détail rappelle les lignes tendues que l’on retrouve sur certaines supercars haut de gamme ou sur les bracelets des montres sportives suisses les plus abouties. Cette cohérence visuelle et technique rend la montre aussi bien adaptée à un usage quotidien qu’à une tenue plus formelle, malgré son esthétique affirmée. Côté prix, cette nouvelle création se situe dans la lignée des collections précédentes : CHF 115,000 pour la version titane, CHF 145,000 pour celle mêlant or rouge et carbone TPT — hors taxe. Des tarifs qui la placent dans la fourchette haute, mais cohérente avec le segment très élitiste de la marque.

Pourquoi ce retour au rond n’est pas un hasard

Alors que la majorité des montres Richard Mille revendiquent une signature tonneau immédiatement reconnaissable, le retour au boîtier rond avec la RM 33-03 traduit une volonté de diversification stratégique. Les montres rondes restent une norme universelle dans l’univers horloger. En s’appropriant ce format et en y injectant toute la radicalité technique de ses savoir-faire, Richard Mille élargit son spectre visuel, sans diluer son identité. Ce retour de la montre ronde permet à la marque d’aller chercher une clientèle plus attachée au classicisme des formes circulaires, mais frustrée par le manque d’innovation dans cet univers-là. La RM 33-03 agit comme un cheval de Troie redoutablement efficace. Derrière une forme « familière », c’est une véritable machine horlogère haute performance déguisée en montre sobre qui s’installe discrètement au poignet. Il y a là un parallèle intéressant à faire avec des espèces animales qui, sous une apparence anodine, déploient des capacités ou des comportements inattendus – un peu comme certaines roussettes marines, discrètes et inoffensives en surface, mais maîtresses de leur biotope sous-marin. Cette montre pourrait bien jouer le même rôle dans le paysage de l’horlogerie de luxe : silencieuse, mais redoutablement influente.

📝 Cet article est inspiré de la publication originale : Richard Mille’s New RM 33-03 Revives Circle Case Design


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