Le célèbre Prix Gaïa 2025, décerné par le Musée International d’Horlogerie, récompense cette année trois personnalités majeures du secteur.
Parmi elles, l’historien et auteur Dr Helmut Crott, salué pour ses recherches pionnières sur les cadrans.
Cette édition met aussi en lumière deux lauréats aux parcours très différents : un artisan d’exception et un industriel visionnaire à l’origine du renouveau de Cartier à La Chaux-de-Fonds.
Un expert des cadrans salué par le Prix Gaïa 2025
Auteur, collectionneur et chercheur reconnu, Dr Helmut Crott a reçu le Prix Gaïa 2025 dans la catégorie “Histoire et Recherche”.
Cet honneur décerné par le Musée International d’Horlogerie (MIH) vient récompenser une carrière consacrée à la documentation et la préservation du savoir horloger.
Le grand public retient surtout son rôle dans la fondation de la maison de ventes aux enchères Dr. Crott Auctioneers.
Mais c’est en tant qu’auteur de l’ouvrage Le Cadran que la communauté horlogère lui rend aujourd’hui hommage.
Publié en 2021, ce livre décortique — avec une précision quasi scientifique — l’histoire et les techniques des cadrans de montres-bracelets du XXe siècle.
Un domaine pourtant peu étudié dans la littérature spécialisée, et qui constitue le « visage » de chaque montre.
Le travail de Dr Crott s’intègre ainsi dans la lignée d’auteurs comme Reinhard Meis ou Jonathan Betts, anciens lauréats eux aussi distingués pour leurs contributions clés à l’horlogerie.
Une figure de l’industrie artisanale chez Cartier
Autre lauréat du Prix Gaïa 2025 : Jean-Jacques Paolini, nommé dans la catégorie “Entrepreneuriat”.
S’il reste peu connu du grand public, son influence dans l’ombre est immense.
Il a joué un rôle décisif dans la structuration industrielle de la marque Cartier à La Chaux-de-Fonds.
En 1980, M. Paolini reprend l’entreprise familiale, spécialisée dans la fabrication de boîtiers et de bracelets.
Il développe tellement son activité qu’elle est rachetée en 1989 par la maison Cartier.
L’acquisition n’est que le début d’un chantier bien plus vaste.
Cartier lui confie rapidement d'autres sites industriels.
Il restructure les flux, perfectionne les procédés de fabrication, et introduit le lean management d’inspiration japonaise.
En quelques années seulement, il bâtit un pôle horloger employant aujourd’hui plus de 3 000 personnes dans la région.
Le digne successeur de George Daniels honoré pour son artisanat
La troisième distinction du Prix Gaïa 2025 revient à Roger W. Smith dans la catégorie “Artisanat et Création”.
Cette récompense vient consacrer un parcours hors norme dans la tradition de l’horlogerie britannique.
Smith est surtout connu comme disciple du grand horloger George Daniels, inventeur du fameux échappement co-axial adopté plus tard par Omega.
Héritier de cette vision indépendante, Roger W. Smith fabrique désormais, artisanalement, des montres sous son propre nom, en quantités extrêmement limitées.
Toutes les pièces sont manufacturées à la main sur l’île de Man, dans l’esprit du « true British watchmaking ».
Un savoir-faire rare qui suscite l’admiration des plus grands collectionneurs.
Ses garde-temps, souvent uniques, allient innovation technique et esthétique épurée, fidèle à la philosophie de Daniels.
Quelques caractéristiques de ses créations :
- Mouvements entièrement conçus et assemblés à la main
- Or et argent travaillés localement
- Boîtiers sobrement anguleux inspirés de l’école anglaise
Une édition sous le signe de l’excellence horlogère
Le Prix Gaïa sera officiellement remis lors d’une cérémonie qui se tiendra le 18 septembre 2025 au MIH, situé à La Chaux-de-Fonds, véritable bastion suisse de la production horlogère.
Objet emblématique, le trophée – une sphère de verre – matérialise le lien entre connaissance, création et industrie, les trois dimensions traditionnellement célébrées par le concours.
L’édition 2025 se distingue par ses profils complémentaires :
- Un chercheur ayant consacré sa vie à révéler la richesse visuelle et historique des cadrans de montres
- Un industriel discret devenu pilier de la fabrication suisse moderne
- Un artisan indépendant perpétuant l’horlogerie comme art vivant
Trois approches, trois échelles, mais une même contribution essentielle au patrimoine de la montre.
Ce palmarès illustre la richesse des métiers qui participent, chacun à leur manière, à faire battre le cœur de l’horlogerie.
