📷 Crédit : Fratello Watches
Un atelier fondé en 1858 continue d’influencer l’horlogerie moderne depuis une acquisition très stratégique. Intégré à une grande maison, son savoir-faire artisanal reste intact. Il gagne aussi une visibilité mondiale.
Derrière certaines montres Montblanc se cache une tradition horlogère presque oubliée. Elle reste pourtant très respectée des collectionneurs suisses et passionnés avertis. Une véritable pépite technique souvent méconnue du grand public.
Comment un petit atelier centenaire propulse Montblanc parmi les grands
Minerva, fondée par Charles-Yvan Robert en 1858 à Villeret, était autrefois un fabricant indépendant réputé. Elle brillait particulièrement pour ses chronographes mécaniques de précision. Une excellence qui séduit encore aujourd’hui.
En 2006, Richemont, géant suisse du luxe, acquiert discrètement Minerva via une opération privée. L’objectif est clair : doter Montblanc d’une légitimité horlogère irréprochable. Et y ajouter une profondeur historique difficile à égaler.
Depuis cette intégration, certaines créations Montblanc profitent de mouvements Minerva. Ces derniers sont célèbres pour leur finition faite main exceptionnelle. Leur architecture reste également fidèle à une tradition horlogère séculaire.
Pourquoi ces mouvements sont plus recherchés en 2025 qu’en 1923
La manufacture Minerva a trouvé une nouvelle vie raffinée et exclusive. Elle réalise en très petites séries des calibres à remontage manuel. Ceux-ci s’inspirent directement des modèles iconiques du XXe siècle.
Ces mouvements sont toujours fabriqués à la main. On retrouve notamment : des ponts en V typiques des chronographes vintage suisses. Et un décor anglé, poli sans aucun recours aux machines automatisées.
Cette approche artisanale crée une vraie synergie. Le savoir-faire ancien de Minerva se marie au style contemporain audacieux de Montblanc. Ensemble, ils signent une nouvelle ère dans l’horlogerie de prestige.
Des calibres historiques remis au goût du jour : un pari réussi
Depuis l’entrée de Minerva dans l’univers Richemont, Montblanc réinvente certains anciens calibres. On les retrouve notamment dans la collection Montblanc 1858. Cette gamme s’inspire des expéditions alpines du XXe siècle.
Prenons l’exemple du calibre MB M16.29. Lancé en 2015, il reprend l’architecture du 17.29 dessiné dans les années 1920. À l’origine, celui-ci équipait les montres de poche de l'époque.
Avec son diamètre de 38,4 mm, il adopte la taille des anciens calibres de poche. Mais il est désormais monté dans des montres-bracelet de luxe modernes. Une fusion entre héritage et innovation esthétique.
Ces mouvements offrent notamment : des roues à colonnes pour gérer le chronographe. Et des décorations artisanales comme les côtes de Genève ou l’anglage miroir. Sans oublier le spiral terminal de type Breguet.
Les collectionneurs les plus exigeants reconnaissent ce niveau d’exécution. Le fond en saphir permet une observation directe de l’art horloger. Un détail apprécié dans les cercles haut de gamme.
Évidemment, cette qualité se paie. Les modèles dotés de calibres Minerva commencent autour de 30 000 CHF. Ce qui correspond à environ 31 100 euros en 2025.
Une lenteur volontaire : moins de 500 mouvements produits par an
Contrairement à d’autres groupes, Richemont n’a pas industrialisé la production Minerva. Le modèle artisanal est préservé à Villeret. Moins de 500 mouvements sont finalisés chaque année.
Chaque mouvement est assemblé à la main par des horlogers chevronnés. Une seule pièce peut requérir jusqu’à 300 heures de travail minutieux. Le niveau de contrôle qualité reste inégalé.
Les outils utilisés sont souvent centenaires. L’atelier conserve ainsi son âme mécanique d’origine, loin des lignes automatisées. Un choix qui confère une personnalité rare aux montres finies.
Minerva fait partie des rares ateliers suisses à produire ses propres spiraux. Ainsi que des roues à colonnes ou des ressorts de chronographe. Toute la mécanique est internalisée, sans compromis.
Cela permet à Montblanc de signer des pièces ambitieuses. Citons : la 1858 Split Second Chronograph avec calibre MB M16.31. Ou encore la Chronograph Tachymeter d’inspiration 1930.
Derrière ces modèles très haut de gamme, c’est l’expertise Minerva qui rayonne. Une signature discrète mais essentielle. Et une valeur technique très convoitée en 2025.
Une stratégie gagnante pour Montblanc : entre prestige et authentique légitimité
Historiquement, Montblanc est célèbre pour ses stylos de luxe. Mais depuis les années 2000, la marque investit stratégiquement dans l’horlogerie. L’intégration de Minerva a tout changé.
Grâce à ce rachat discret, Montblanc peut proposer des montres 100 % manufacturées. Plus besoin de mouvement acheté ailleurs. Cela donne à la marque une crédibilité technique accrue.
Aujourd’hui, Montblanc rivalise avec des maisons comme Zenith ou IWC. Surtout sur le segment du chronographe artisanal haut de gamme. Son positionnement reste cependant hautement élitiste.
Les modèles motorisés par Minerva sont proposés en séries limitées. Parfois à moins de 100 exemplaires par référence. Une rareté qui renforce leur attrait auprès des connaisseurs.
En 2025, cette stratégie porte ses fruits. Montblanc associe désormais son design moderne à une lignée horlogère 100 % suisse et historique. Un pari réussi à tous les niveaux.