En 2001, Rolex arrêtait définitivement la production de sa seule montre à pile, l'Oysterquartz. Cette décision marquait la fin de l'unique incursion de la manufacture genevoise dans l'univers du quartz électronique.
L'Oysterquartz : 25 ans de production confidentielle pour la seule Rolex à pile
Bien que Rolex ait arrêté sa production en 2001, l'Oysterquartz est le seul modèle de l'histoire de la marque à posséder une pile. Cette montre révolutionnaire fut introduite en 1977, après cinq années de développement intensif.
Rolex développa spécifiquement les calibres 5035 et 5055, des mouvements entièrement conçus en interne. Ces calibres équipaient respectivement les modèles Datejust et Day-Date Oysterquartz. La marque genevoise investit massivement dans cette technologie pour répondre à la menace japonaise.
L'Oysterquartz se distingue immédiatement par son design angulaire unique dans l'univers Rolex :
• Son boîtier carré aux angles arrondis rompt avec l'esthétique traditionnelle • Son bracelet intégré marque une rupture stylistique totale avec les codes habituels • Cette approche audacieuse reflète l'esprit avant-gardiste des années 1970
Les performances techniques de cette Rolex électronique étaient remarquables pour l'époque. Les calibres 5035 et 5055 étaient précis à ±0,7 seconde par jour, une précision largement supérieure aux mouvements mécaniques Rolex de l'époque.
La technologie CMOS utilisée permettait une autonomie exceptionnelle. Une Oysterquartz peut fonctionner jusqu'à 5 ans sans changer la pile. Cette prouesse technique contrastait avec les piles montres Rolex conventionnelles qui nécessitaient un remplacement plus fréquent.
La production fut volontairement limitée. Bien que Rolex ait produit l'Oysterquartz pendant environ 25 ans, on estime que moins de 25 000 modèles Oysterquartz ont été créés. Cette rareté s'explique par la stratégie de Rolex qui considérait cette ligne comme expérimentale.
Une réponse suisse à la crise du quartz japonais devenue pièce de collection
La genèse de l'Oysterquartz s'inscrit dans le contexte de la crise du quartz des années 1970. À la fin des années 1970, l'industrie horlogère suisse fut touchée par la crise du quartz. Les horlogers japonais inondaient le marché mondial de montres à quartz en grande quantité.
Face à cette menace existentielle, Rolex développa sa propre réponse technologique. L'approche de la marque différait radicalement de celle de ses concurrents. Contrairement à la plupart des montres à quartz produites en masse, le mouvement de l'Oysterquartz se distingue par l'utilisation d'une roue d'échappement et d'un ancre.
Cette hybridation entre technologie quartz et mécanique traditionnelle reflète la philosophie Rolex. La marque refusait tout compromis sur la qualité, même dans sa seule incursion électronique. Cette approche unique distinguait Rolex de ses rivaux dans la bataille Rolex vs Patek Philippe pour la domination horlogère.
Les collectionneurs d'aujourd'hui redécouvrent ces montres rares. La production ultra-confidentielle rend chaque exemplaire précieux. Environ 2% des montres Rolex listées entre 1977 et 2003 sont des OQ, ce qui souligne leur rareté exceptionnelle sur le marché secondaire.
Les versions proposées comprenaient plusieurs déclinaisons :
• Datejust Oysterquartz en acier (référence 17000) • Modèles bicolores acier et or (références 17013 et 17014) • Day-Date entièrement en or jaune ou blanc pour le segment ultra-luxe
🧠 À retenir : L'Oysterquartz représente l'unique montre à pile de l'histoire Rolex, produite pendant 25 ans en quantités ultra-limitées avec une précision révolutionnaire pour répondre à la crise du quartz japonais.
Une valorisation spectaculaire qui défie toutes les prédictions
Le marché des Oysterquartz connaît aujourd'hui une revalorisation spectaculaire. Le modèle Oysterquartz Datejust est disponible sur le marché d'occasion à un prix compris entre 3 500 et 7 500 euros, tandis que les exemplaires en métaux précieux du modèle Oysterquartz Day-Date se négocient à un prix plus élevé, généralement entre 13 000 et 16 000 euros.
Cette appréciation s'explique par plusieurs facteurs convergents. D'abord, la rareté objective : Dans le livre « Electrifying the Wristwatch », l'auteur indique une production totale sur la période de 105 097 unités ce qui reste « infinitésimal » au regard de la production de Rolex. Ensuite, l'évolution du goût des collectionneurs qui redécouvrent les montres des années 1980.
Les versions les plus recherchées atteignent des sommets. En 2020, un prototype a été vendu pour plus de 250 000 dollars, témoignant de la rareté et de la valeur exceptionnelle de ces pièces. Les modèles Day-Date en or avec complications spéciales, comme la version "pyramide", deviennent particulièrement convoités parmi les montres Rolex chères disponibles aux enchères.
L'arrêt définitif de la production amplifie cette dynamique. La dernière année où la référence 17000 est apparue dans le catalogue Rolex était 2001, et c'était aussi la dernière année où Rolex a reçu des certificats de chronomètre pour les mouvements à quartz du COSC. Cette date marque symboliquement la fin d'une époque, conférant aux Oysterquartz existantes un statut de relique horlogère.
Les amateurs avisés considèrent aujourd'hui l'Oysterquartz comme l'une des meilleures opportunités d'investissement montres Rolex sur le marché vintage. Elle allie rareté historique et design avant-gardiste dans un segment de prix encore accessible.
Par rapport aux segments traditionnels de l'horlogerie de luxe, l'Oysterquartz représente une alternative unique pour les collectionneurs avertis cherchant des pièces authentiquement différenciantes.